Psychologie appliquée

LANGAGE et SON…de AL KINDI … à LACAN

« être sur la même longueur d’onde »
« quand les notes … dénotent ! »

Suite au propos de LACAN « il n’y a pas de malentendus mais que des malentendants » je me suis interrogée sur le véritable sens des expressions populaires si souvent remplies de sens.

Comme par exemple : « être sur la même longueur d’onde »
« être branché sur la même fréquence »
« on s’entend bien »

Nous avons tous l’occasion de constater à quel point il est difficile d’avoir un vrai dialogue, la communication semble souvent « brouillée »…on s’écoute, sans s’entendre réellement et surviennent les malentendus !
Nous avons tous notre propre langue singulière dont le codes nous échappent, notre inconscient habite notre langue et comme le spécifie Lacan : « l’inconscient est structuré comme un langage » Il précise : le névrosé habite le langage ; le psychotique est habité, possédé par le langage Lacan a introduit les notions saussuriennes de signifié et de signifiant, le son revêt une image acoustique dont le sens n’a de signification que pris dans une chaîne signifiante, pouvant nous faire revenir jusqu’au trait unaire.

Mais est il question quelque part du « son » en tant qu’élément physique ? En tant que champ vibratoire ?
Je soumets une réflexion dont j’ignore si les hypothèses que j’avance ont été pensé par d’autres… Ces concepts sont à l’état d’ébauche me concernant,et je désire partager mes premières réflexions sur ce sujet : suite à mon expérience personnelle, j’ai constaté que certains de mes propos semblaient ne jamais s’intégrer dans ma communication avec l’autre, j’en ai conclu que d’être derrière son langage signifiait sans doute ne pas l’habiter au sens symbolique et l’intonation de la voix, le « chant » vibratoire ne rentrerait pas en résonance avec le « champ » de l’interlocuteur ,au sens symbolique, interlocuteur étant peut être lui même branché sur « une autre longueur d’onde »… bonjour l’embrouille !
Cette expression « être sur la même longueur d’onde » est souvent employée pour signifier une communauté d’esprit, mais l’expérience m’a prouvé, qu’une communauté d’idées ne suffisait pas à faire la rencontre au niveau de la parole, une vraie parole à un rôle de médiateur, et ce rôle tombe à l’eau, dans le trou du langage, si cette parole n’est pas chargée de sens et de plus émise sous une fréquence recevable par l’autre, il semblerait dans ce cas, que la parole ne joue pas son rôle (pas- rôle).

Si l’homme à inventé des machines, émetteurs récepteurs, aux tonalités neutres qui ont permis aux
hommes d’échanger, nos propres émetteurs récepteurs eux, sont soumis à la loi symbolique.
Si l’intégration à la loi symbolique passe par la castration, celle-ci donnant accès à « l’ordre » du
langage on comprends de ce fait, le grand « désordre » ambiant et l’immense quinqua phonie du
monde !
Il n’était finalement pas nécessaire de détruire la tour de Babel ! Apprendre les langues étrangères
ne suffit pas à comprendre l ‘autre, nous sommes nous mêmes dans notre propre univers langagier.
Les autistes ne sont pas hors discours mais hors langage, ils ne sont finalement qu’une distorsion
poussée à l’extrême de l’incapacité de l’homme à être dans une vraie communication, nous sommes
tous à des degrés divers des handicapés du langage.
En effet lorsqu’un sujet S s’efforce de communiquer avec un sujet A, il rate toujours son destinataire
dans son authenticité et c’est toujours un moi qui communique concrètement avec un autre moi
semblable à lui en raison de la présence de l’axe imaginaire aa’. En d’autres termes , le sujet S qui
s’adresse au grand Autre ne communique jamais qu’avec un petit autre.Dans la
communication, le sujet reste ainsi radicalement prisonnier de la fiction dans laquelle l’a
introduit sa propre aliénation subjective.( J.Dor)
« Lalangue » est ce qui connote la matérialité et la singularité primaire inconsciente d’une
jouissance et non du simple usage de la langue » Lacan.
Sans soustraire les données ci dessus mais plutôt sous forme de complément, ne peut-on imaginer le
son comme élément symbolisé où non symbolisé, et pour que celui ci rentre en résonance
symbolique avec son interlocuteur, n’est il pas nécessaire que le son, en tant qu’image acoustique
signifiante soit précisément lui aussi dans le registre du symbolique.
Lorsqu’une personne s’exprime on peut s’arrêter sur l’intonation, la trouver : inhiber, peut affirmer,
où au contraire tonitruante…mais ces observation relève de la psychologie.
Une bonne intégration subjective entraîne t elle automatiquement une parole audible en terme de
sens ? L’assomption du sujet permet elle de trouver le ton juste, dans le sens de la tonalité, le
symbolique c’est l’accès au mot et au langage, mais quelle influence et quelle modification peuvent
subvenir , sur le champ vibratoire de ces mots et de ce langage après assomption du sujet ?
Cette réflexion m’a renvoyée au philosophe AL_KINDI, nommé le philosophe des arabes.
Vers l’an 800 il traite dans son livre « de Radiis » :
de la puissance des mots et des sons :
petit résumé :
« la voix humaine émet des sons sans pour autant éclairer »
Al kindi insiste sur la puissance des sons, qui ont eux aussi la capacité d’émettre des rayons et
d’influer ainsi sur le cours des choses.
L’accent sur le désir et sur l’intention de celui ci, « qui entrainerait les différentes actions
nécessaires à l’effet, les rayons de ce désir reçoivent, par la prononciation des sons, un pouvoir
d’accomplissement sur les choses situés à l’extérieur… »
Ce cheminement fait de mon coté écho à la synchronicité de Jung, en effet Al Kindi se réfère à
Aristote en suggérant : « le hasard n’est rien d’autre qu’une ignorance des causes et, de ce
fait, celui qui est capable de se hisser à la connaissance de toutes les causes des choses
pourraient découvrir le futur »
Pour en revenir au son, Al Kindi les a classifiés et a introduit une réflexion sur les rapports entre
son, nom, mot, signifiant, matière, désir, mouvement…
Quelques extraits significatifs :
«parce que donc le hommes croient que les mots contiennent un effet moteur, nous répétons à ce
propos que les sons produits en acte émettent des rayons comme le font les autres choses en acte,et
qu’ils agissent sur le monde des éléments de la même manière que les autres choses
individuelles…De même, certains sons ont un effet sur le feu, d’autres sur l’air, l’eau où la terre.
…De même certains ont un pouvoir à certains moment, et d’autres à d’autres moments…D’autre
part, pour que l’effet se produise, il faut toujours qu’il y ait chez celui profère les sons, l’intention
et imagination de la forme qu’il désire voir venir s’actualiser dans la matière grâce à la
prononciation des sons …L’homme reçoit la disposition à appeler l’homme d’un tel nom, l’âne de
tel autre et certains lieux… d’autres part, le son, amené à signifier par l’attribution et à la
pratique des hommes, reçoit une propriété en devenant signifiant qu’il ne possédait pas avant de
le devenir…Il s’ensuit qu’il introduit dans la matière un mouvement différent de celui qu’il
produisait auparavant…»
A l’image de la portée musicale, la clé pour un bon tempo pourrait peut être se résumer ainsi :
quelques notes d’Al Kindi et de Lacan…
Et de cette composition pourraient naître des mesures, des rythmes, des textures vocales pour des
accords harmonieux entre les hommes …Alléluia !
Tout comme le signifiait Paul Klee, l’art ne rapporte pas le visible, il rend visible, si les images ne
nous donnent pas seulement à voir mais aussi à penser, les mots ne nous donnent pas seulement à
entendre mais aussi à voir, la psychanalyse peut nous ouvrir les yeux sur notre surdité mentale .
« Celui que l’on dit sage et qui l’est, est celui qui perçoit, dans les choses et leurs propriétés, ce qui
est le moins perceptible.
D’où le fait que ceux qui sont formés par le saint désir de la sagesse travaillent beaucoup à la
compréhension des qualités cachées des choses » Al Kindi.

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